de Marilù Parolini
(visible sur HENRI : https://www.cinematheque.fr/henri/film/65807-aussi-loin-que-mon-enfance-marilu-parolini-1970)
Bulle Ogier, flottante, indécise (« Moi je suis tellement habituée à remplacer une chose par une autre que quand je ne l’ai pas je la remplace par quelque chose qui n’est pas là »), sable mouvant à côté des autres. Pas de l’indifférence mais la conscience d’une flapper flippée, jamais présente. Communication difficile avec son mec qui tripote un mec au début mais qui ne fait pas l’amour avec elle et ne peut pas lui parler. Le côté gentiment macho des mecs qui l’entourent, ils vont faire la révolution et c’est le trajet de la mélancolie. On va au « violon » et vers la violence. Certaine qualité de mélancolie : douce, souriante, gentille, lente. Bulle Ogier est un adjectif plutôt qu’un verbe, ou mieux: un adverbe, une modulation de la vitesse générale – le film doit ralentir. Ici, c’est elle, pensive, qui tire le film vers la mélancolie. Tout est fait de son regard (comme Bazin le disait de Voyage en Italie).
Beaux plans (la vitre mouchetée de lumière, les personnages en perspective), caméra portée, à la Rivette. On comprend en parallèle pourquoi Rivette a voulu « renoncer à la mise en scène » dans Out 1 au profit d’une autre énergie, qui déjà s’épuise en 1970, « tourne » court (le souffle).